Le récit d'Emmanuelle


"Je pense que je savais ce qu'il y avait à savoir : j'aurais plutôt aimé le croire! Ça fait mal, mais c'est vrai que c'est très 'empowering'. On oublie rapidement. Ça vaut la peine. Si c'était à refaire, je ne changerais rien. Les bons côtés de mon accouchement, comme les moins bons, font maintenant partie de moi et de mon histoire, et j'ai hâte de le raconter à ma fille."

Histoire familiale de naissance

Connais-tu ta propre histoire de naissance? Quel est le rapport de ta mère/grand-mère/entourage par rapport à la maternité et à la naissance? 

Je suis née environ deux semaines plus tôt que prévu: le travail et l'accouchement ont été brefs mais intenses! Ma mère a toujours dit que ma naissance était représentatif de ma personnalité...

Histoire de la conception

Quand-avez vous décidé d’avoir un enfant? Tomber enceinte à t-il été facile? Comment l’as tu appris et annoncé à ton conjoint? N'hésite pas à partager tout autre détails 

Je suis avec mon conjoint depuis bientôt 8 ans, et très tôt dans la relation, le 'pas tout de suite mais un jour' est arrivé. C'était inconcevable pour moi de ne pas au moins essayer d'avoir un enfant un jour. Je n'étais pas pressée, et si le destin en avait voulu autrement, j'aurais fait mon deuil, mais je n'ai jamais considéré mettre un X définitif sur ce projet.

Après presque 7 ans de bonheur quasi-constant et une relation solide encore pleine de papillons, on a d'un commun accord décidé d'essayer; on se sentait prêts à accueillir un humain de plus dans notre cocon. Quelques semaines plus tard (c'est allé vite!), alors qu'on allait monter une montagne dans l'État de New York, dans une petite ville qui s'appelle Elizabethtown, j'ai dit à Raf qu'on devrait acheter un test de grossesse. Mes règles se faisaient attendre depuis seulement une journée, mais sachant mon cycle réglé au quart de tour, je me doutais que quelque chose se passait.

Arrivés à Elizabethtown, je suis sur le bord d'exploser tellement j'ai envie d'aller aux toilettes. Un peu désespérée, je supplie mon chum d'arrêter au premier commerce qu'on croise. C'est une vieille station service avec une préposée à qui il manque pas mal toutes ses dents. Pas vraiment ce que j'imaginais comme endroit pour passer mon premier test de grossesse à vie, mais bon... je suis sur le bord d'exploser.

Lorsque je demande où se trouve la salle de bain, la préposée me dit que les commerces n'ont pas le droit de laisser aller les clients aux toilettes. Une bactérie dans l'eau ou je ne sais quoi. Je demande plusieurs fois si TOUTES les toilettes de la ville sont fermées..? La réponse est catégorique: OUI.

Ma vessie était proche de me lâcher, alors je dis à Raf de continuer jusqu'à la montagne. Arrivés, on marche (je cours!) quelques mètres dans l'espoir de trouver un endroit isolé pour que je puisse faire pipi à l'abris des regards.

Je m'accroupis donc derrière un arbre, petit bâton de plastique entre les jambes, pendant que mon chum surveille les alentours pour s'assurer que je ne traumatiserai personne. Je n'oublierai jamais ce moment : à peine quelques goûtes d'urine sur le bâton, et la réponse se faisait déjà connaitre. C'était positif.

Heureux, et un peu sous le choc, on a monté la montagne en discutant de ce petit humain qui s'était joint à nous sans se faire attendre. C'était une sacrée belle journée.

Histoire de naissance : Margot

Margot (Margot Greta Gilbert-Ouellet) est née le 4 mars à 22h07 au CHUM, une journée avant sa date prévue, premier enfant.

Comment t’es tu préparée à l’accouchement? 

J'ai lu, lu, lu et encore lu! Je dois avoir 95 millions de livres et le site de Naître et Grandir n'a plus de secrets pour moi. On a aussi eu le précieux accompagnement d'une doula (salut Alex!), qui a répondu à toutes nos questions aussi épaisses soient-elles, et qui a suivi notre rythme d'apprentissage.

Comment imaginais-tu ton accouchement? Quelles étaient tes attentes? 

Je l'imaginais douloureux, et ça l'a été, mais je suis heureuse de rapporter aux futures mamans que tous les clichés sont vrais : on oublie vite.

J'essayais de ne pas avoir d'attentes, car on m'a souvent répété qu'il y a des choses qu'on ne peut pas contrôler. Je voulais me protéger, ne pas être déçue ou avoir des regrets, en repensant à mon accouchement : ne pas avoir d'attentes était la meilleure façon d'y arriver. Cependant, plus les mois passaient, plus je découvrais que certaines chose ne me tentaient pas du tout. Être provoquée, par exemple. J'avais envie que mon corps décide lui-même quand se mettre au travail.

Comment s’est déroulée la naissance?

Je me suis réveillée vers 9h du matin, et j'ai senti les premières contractions. J'ai pris un bain afin de voir si la douleur partirait - ça avait fonctionné jusque là dans ma grossesse - mais ça continuait. J'ai commencé à minuter... et mes contractions étaient aux 5 minutes. Dès le début, elles étaient très régulières, on dirait qu'elles avaient elle aussi mis un chrono!

Au fil de la journée, la douleur s'est intensifiée. J'étais couchée par terre, incapable de manger, en essayant de trouver une position confortable, mais c'est devenu insupportable. On a donc quitté pour l'hôpital. Je me rappelle que le tout semblait un peu irréel, et que mon chum était à ce moment là un précieux, précieux, soutien. À deux, je n'avais pas peur, mais pas question qu'il parte stationner l'auto en me laissant, même 1 minute, seule!

J'ai pris deux bains, et j'ai eu la péridurale une fois dilatée à 7 centimètres. Difficile de décrire la douleur paralysante des contractions, mais encore une fois, j'étais heureuse et reconnaissante que Raf soit avec moi pendant tout ce temps. On dit que les hommes ne font pas grand chose pendant un accouchement, mais je l'ai vécu de façon très différente. Mon chum - ses gestes, son soutien, ses points de pression - étaient l'essence dans le moteur qui me permettait de continuer à avancer.

La poussée a duré 2 heures, top chrono. Une heure pour faire descendre Margot, une heure pour la sortir. Une infirmière nommée Johanne restera à jamais gravée dans mes souvenirs. Gentille, compréhensive, expérimentée et patiente, elle a été un soutien essentiel pendant cette période douloureuse mais cruciale.

Quand Margot a été déposée (pitchée?) sur mon ventre (en raison des dégâts à mon entre-jambe, ce moment n'a pas été particulièrement zen, mais bon... les médecins font ce qu'ils doivent faire), je me rappelle avoir dit : Allô Margot! T'es pas sensée pleurer toi?

Et effectivement, les infirmières l'ont agrippée et l'on amenée sur une petite table pour s'assurer que tout était beau. Quelques secondes plus tard, on entendait un beau gros hurlement de bébé dans la pièce.

Post partum

Comment s’est passée la période post natale? Comment t’es tu sentie à ton retour à la maison avec ce petit être tout neuf?

Le retour à la maison aurait été plus zen si j'avais eu ma montée de lait à temps! Bébé pleurait beaucoup parce que je n'avais pas assez de lait. Heureusement, avec les conseils d'Alex et de l'infirmière du CLSC, les choses se sont placées assez rapidement.

Les amis, la famille, même des connaissances, ont offert leur aide, leur écoute, leur conseil. Mon chum a une capacité franchement impressionnante à rester debout la nuit, je pouvais donc me reposer. J'aurais difficilement pu demander mieux comme retour à la maison.

Les premiers jours, c'est vraiment une petite bulle de bonheur. Encore aujourd'hui, je regarde Margot et j'ai de la difficulté à croire que mon chum et moi, on a fait ce petit être humain. Qu'on est trois maintenant (cinq avec le chats!). C'est un amour très très profond, l'envie constante de la protéger. De jamais la laisser tomber (au sens propre et figuré, bien sûr!).


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