On passe des heures et des heures à se former en vue de l'accouchement, on devient incollable sur tout ce qui l'entoure. On connait ses phases et on ajoute même de nouveaux mots à notre vocabulaire (vernix, bouchon muqueux, etc.). Puis le jour J arrive et on se retrouve avec un bébé dans les bras. C'est le début du postnatal. Et dans la majorité des cas on l'a laissé de côté. Comme je le dis souvent à mes clientes : "le postnatal ça dure toute la vie alors ça vaut la peine de le préparer".


MON EXPÉRIENCE

Parlons de mon cas personnel. Après un accouchement en milieu hospitalier et une journée dans l’unité mère/enfant, je suis rentrée à la maison avec mon premier bébé, Louise. J’étais déjà éperdument en amour avec ce petit être, l’allaitement se passait merveilleusement bien, mon conjoint était présent et attentionné. Tout se déroulait bien. Pourtant j'étais encore troublée d'avoir entendu le matin même à l'hôpital les expressions "syndrome du bébé secoué" et "mort subite du nourrisson". Je vivais ma première contradiction maternelle entre un bonheur simple, immédiat et naturel, et la réalité pratique d'une vie nouvelle de jeune maman. Tout ce qu'il me manquait c'était un plan !


Je n’avais jamais réfléchi à mes besoins d'après l'accouchement et surtout on nous apprend rarement à demander de l'aide. Nous vivons dans une société qui érige en vertu le fait d’être autonome, de n’avoir besoin de personne alors que c’est le propre de l’être humain de vivre en communauté et d’avoir un besoin criant des autres.


Au fur et à mesure de mes rencontres avec des mamans, au sein de mon travail ou en dehors, je reçois leurs confidences sur cette période de postnatal dont on ne parle vraiment pas assez. On se cache derrière des clichés, on croit qu’une fois le bébé là tout est simple, inné, fluide. On ne parle pas assez des nuits écourtées, des seins gonflés de lait qui font monter une fièvre qui laisse notre lit trempé, des défis que cela comporte en termes d'équilibre familial, des questionnements identitaires qui émergent chez la nouvelle maman, et la liste est longue.


C’est pourquoi je sensibilise toutes mes clientes à la nécessité de préparer cette période postnatale, d’y réfléchir et surtout d’imaginer tous les scénarios qui pourraient se présenter à elles. Ça permet d'anticiper les aspects concrets (qui se lève la nuit, comment on organise notre espace de nuit, où dort le bébé en journée) comme ceux plus conceptuels (qu’est ce que je veux transmettre à mon enfant, comment j’envisage ma vie quand on sera 3,4,5 ?)


COMMENT FAIRE SON PLAN POSTNATAL ?

On part d’un constat simple : ta famille va s’agrandir et accueillir un nouveau membre. Ta vie va changer ! Tu ne vas pas devenir une nouvelle personne pour autant : si tu ne cuisines pas, tu ne vas probablement pas commencer à le faire avec un nourrisson dans les bras. De nombreuses questions vont t'arriver : comment vais-je vivre les éventuelles visites de proches en postnatal ? Combien de temps va durer mon congé parental ? Vais-je le partager avec mon partenaire ? La première étape c’est de préparer des débuts de réponses à ses questions, de les aborder, de semer des graines avant de ne plus avoir l’espace mental et le recul nécessaire à la réflexion.


Ensuite c'est identifier autour de soi les ressources communautaires, amicales, familiales qui te seront peut-être utiles une fois bébé arrivé. Mieux vaut rassembler tous ces contacts au même endroit pour pouvoir y avoir accès facilement en cas de besoin, plutôt que d’avoir à faire des recherches après une nuit courte et un bébé qui fait une poussée de croissance !


Communique tes besoins à ton entourage. Pour également mettre tes limites et dire ce que tu souhaites et ce que tu ne souhaites pas ! Prends le soin d'être précise cela fera toute la différence. À l'oral comme à l'écrit, fais une liste de demandes de services pour le postnatal :

  • Une heure de ménage
  • Une tarte au pommes, un plat préparé, des barres tendres, etc.
  • Une heure de sortie avec les grands-frères et/ou sœurs.
  • Une heure de présence avec bébé pendant un bain, une sieste.
  • Un certificat cadeau pour une doula postnatale, un massage, un soin rebozo, etc.


Mets-toi au premier plan : quand maman va bien tout le monde va bien, mais si maman va mal, est fatiguée, stressée, c’est tout l’équilibre familial qui est mis à mal. On dit souvent qu' "Il faut tout un village pour élever un enfant", sers-toi de ce village pendant la période postnatale. Dans beaucoup de cultures, les 40 premiers jours après la naissance sont des moments sacrés, suspendus pendant lesquels la maman ne fait rien d’autre que s’occuper de son bébé et ce sont les membres de sa communauté et de sa famille qui prennent soin d’elle. On appelle ça le mois d’or, j'écrirai bientôt un article à ce sujet ! Que dirais-tu de t'en inspirer ?


LE POSTNATAL, UN MONDE DE DÉFIS

Bien évidemment je n'ai abordé ici qu'une partie infime de ce monde qui s'articule différemment selon chaque bulle familiale. Cependant, il existe des fondamentaux : s'interroger, communiquer, demander de l'aide, penser à soi pour mieux penser à bébé. L'important c'est se faciliter la vie pour l'arrivée du bébé !